lundi 13 juillet 2009

Ariane VS Ariane.

Les filles de mon âge sont la première génération de victimes directes des problèmes d'image: idéalisation de la maigreur, icônes de la musique et du cinéma hypersexualisées, mère qui sortent tout droit des années 80 accros à l'exercice et la minceur (et donc, aux régimes tous plus farfelus les uns que les autres)... On se retrouve, en tant que jeunes adultes, au centre d'un mouvement généralisé qui vise à nous rendre plus minces et plus belles, et qui mine totalement notre confiance en soi.

Plusieurs filles que je connais (moi y compris) se sont déjà fait vomir au moins une fois, vénère la minceur extrême, se trouvent grosses et laides, voudraient changer leur corps. Du plu loin que je me rappelle, je me suis toujours trouvée grosse (c'est vrai que 120 lbs sur 5 pieds 5 à 12 ans c'est DRAMATIQUE, tout près de l'OBÉSITÉ MORBIDE) et pas très belle. Je commence à peine à être bien avec mon corps, et c'est parce que j'ai perdu une quinzaine de livres. Chaque jour, je m'examine dans le miroir de longs instants pour voir si j'ai grossi des fesses, si j'ai maigri du ventre, si j'ai les bras plus musclés. Je m'impose un rythme de vie très sain, mais pas pour des raisons très saines. J'ai grandi entourée de femmes obsédées par la minceur qui sont dégoûtées par le moindre excès de gras et qui analysent tout ce qu'elles mangent.

Je pense à tout ça et je me demande quel genre de femme adulte je serai avec d'une part, une fixation 'génétique' sur l'apparence, et de l'autre, un environnement qui nous pousse à nous détester. Puis je regarde les filles plus jeunes que moi, qui sont pour la plupart déguisées en petites putes, et ça me fiche la trouille. Ma cousine Laurie, qui a 15 ans, est probablement une des plus belles filles que j'ai vu, et ce au naturel: blonde, bronzée, grande, élancée, un corps de sportive, super souriante et enjouée. Je me revois à son âge, et j'étais certaine à ce moment-là que je n'avais pas d'amoureux parce que j'étais grosse et laide, et ça faisait déjà 3 ans que je me maquillais à tous les jours et que je me teignais les cheveux. Si je voyais Laurie agir de la sorte aujourd'hui, je ferais tout en mon pouvoir pour la raisonner. Mais d'un autre côté, qu'est-ce qui me dit qu'elle ne se trouve pas laide, elle aussi, ou qu'elle ne continue pas à jouer au soccer pour garder son corps d'athlète? Heureusement, elle semble être une des rares jeunes filles épargnées par cet ouragan, et je bénis le ciel pour ça.

Malheureusement, je n'ai pas de solution à proposer. Je vais continuer à me maquiller, à me teindre les cheveux, à faire de l'exercice. Tout ça peut sembler être un comportement normal, inoffensif, mais je pense qu'il faut se questionner sur l'intention derrière ce comportement. Je pense qu'il faudrait aussi faire du renforcement positif entre filles, se dire qu'on se trouve belles. Parce que ce sont majoritairement les filles qui souffrent de toute cette folie.

Je vais donc faire un premier pas et dire qu'aujourd'hui, avec mes nouveaux cheveux qui sont tout dépeignés, mon pyjama et mes lunettes, je me trouve belle!

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